Face à la crise du logement et à la hausse des prix, de nombreuses villes en France s’interrogent sur la mise en place d’un encadrement des loyers. Marseille, deuxième ville du pays, n’échappe pas à cette problématique. Quels sont les enjeux de cet encadrement pour les locataires et propriétaires marseillais ? Comment fonctionne-t-il et quelles en sont les conséquences ? Le point sur cette mesure qui fait débat.
La situation du marché locatif marseillais
Marseille, avec ses 860 000 habitants, connaît une demande locative importante. Les prix des loyers y ont fortement augmenté ces dernières années, notamment dans les quartiers prisés comme le Vieux-Port, Le Panier ou encore La Joliette. Selon l’Observatoire des loyers de l’agglomération marseillaise (OLAM), entre 2013 et 2018, la hausse des loyers a atteint +7% pour les petits logements et jusqu’à +15% pour les grands logements familiaux.
Cette situation tendue ne facilite pas l’accès au logement pour de nombreux Marseillais, notamment les plus modestes. En outre, selon une étude de l’Insee publiée en 2016, près de 20% des logements sont considérés comme surpeuplés dans la cité phocéenne. L’enjeu d’un encadrement des loyers à Marseille est donc de permettre un meilleur accès au logement pour tous, en limitant les hausses de prix et en régulant le marché locatif.
Le principe de l’encadrement des loyers
L’encadrement des loyers a été instauré par la loi ALUR (Accès au logement et urbanisme rénové) en 2014, puis modifié par la loi ELAN (Évolution du logement, de l’aménagement et du numérique) en 2018. Il vise à limiter la hausse des loyers lors de la relocation d’un logement ou d’un renouvellement de bail dans les zones tendues, c’est-à-dire où la demande locative est supérieure à l’offre.
Concrètement, cette mesure impose aux propriétaires de respecter un loyer de référence fixé par un observatoire local des loyers, qui tient compte du type de logement, de sa surface et de sa localisation. Un complément de loyer peut éventuellement être ajouté si le logement présente des caractéristiques particulières justifiant un prix supérieur au loyer de référence. Toutefois, ce complément doit être accepté par le locataire et ne peut dépasser un certain montant.
Les impacts potentiels pour les Marseillais
Pour les locataires marseillais, l’encadrement des loyers pourrait permettre une meilleure maîtrise des coûts du logement et faciliter l’accès aux quartiers prisés. Il pourrait également réduire les inégalités entre locataires, en évitant que certains ne paient des loyers exorbitants pour des logements de qualité médiocre.
Cependant, cette mesure pourrait aussi avoir des effets pervers. Certains propriétaires pourraient être tentés de contourner l’encadrement en proposant leurs logements en location saisonnière ou meublée, ce qui réduirait encore l’offre de logements disponibles pour les Marseillais. De plus, l’encadrement pourrait décourager certains investisseurs immobiliers, qui préféreraient se tourner vers d’autres villes moins régulées.
Le débat sur l’encadrement des loyers à Marseille
L’idée de mettre en place un encadrement des loyers à Marseille divise les acteurs locaux. Les associations de défense des locataires, comme la Confédération nationale du logement (CNL), y sont favorables et estiment que cela permettrait une plus grande équité entre locataires et propriétaires. À l’inverse, les professionnels de l’immobilier sont plutôt réticents à cette idée, craignant une baisse des investissements et une pénurie de logements à louer.
La question de l’encadrement des loyers à Marseille devrait être abordée lors des prochaines élections municipales. Le maire sortant, Jean-Claude Gaudin (LR), n’était pas favorable à cette mesure durant son mandat. Toutefois, plusieurs candidats aux élections se sont exprimés en faveur d’un encadrement des loyers dans la cité phocéenne.
En attendant, l’encadrement des loyers reste en vigueur dans certaines villes françaises, comme Paris et Lille. La mise en place de cette mesure à Marseille dépendra des orientations politiques et de la volonté des acteurs locaux de réguler le marché locatif.